William Notman | l'Encyclopédie Canadienne

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William Notman

William Notman, photographe (né le 8 mars 1826 à Paisley, en Écosse; décédé le 25 novembre 1891 à Montréal, au Québec).
\u00ab From the Custom House, Montréal \u00bb
William Notman, vers 1875-1878; épreuve à l'albumine montrant Montréal à la fin de l'époque des voiliers, alors que cette ville était le moteur économique de la Province du Canada (avec la permission du Musée des beaux-arts du Canada).
Macdonald, sir John A.
Une \u00abfripouille\u00bb indispensable est à peu près la perception qu'avaient de nombreux Canadiens de John A. Macdonald (photo par William Notman, 1863, avec la permission du Musée McCord).

William Notman, photographe (né le 8 mars 1826 à Paisley, en Écosse; décédé le 25 novembre 1891 à Montréal, au Québec). William Notman est le premier photographe canadien à jouir d’une reconnaissance internationale.

Enfance et début de carrière

Le jeune William Notman, déjà initié à la peinture et au dessin, rêve de gagner sa vie grâce à l’art. Sa famille a cependant d’autres plans pour lui : on s’attend à ce qu’il travaille à l’usine de tissage de son père. Confronté à un contexte économique difficile et croulant sous les dettes, William Notman se met à créer de fausses commandes de clients à l’usine. Accusé de fraude, il quitte Glasgow pour Montréal en 1856, en partie dans l’espoir d’éviter à sa famille une poursuite judiciaire en assumant à lui seul la responsabilité de ses actes.

Fraîchement arrivé au Canada, William Notman est embauché dans une entreprise de vente de marchandises sèches en gros à Montréal. Ayant appris la technique du daguerréotype en Écosse, il ouvre un studio de photographie à Montréal. Il connaît un succès instantané grâce à ses superbes portraits, condition nécessaire pour attirer une clientèle de toutes les classes sociales, de la famille royale à l’homme de métier. En 1858, la Grand Trunk Railway l’engage pour photographier la construction du remarquable pont Victoria de Montréal. Un coffret en érable remis par l’artiste au prince de Galles, renfermant une photographie prise pendant la construction du pont, ainsi que différents paysages de l’Est et de l’Ouest du Canada, aurait suscité chez la reine Victoria un grand enthousiasme.

L’équipe de William Notman (55 personnes en 1870) comprend des apprentis photographes. Il fonde 14 filiales de son studio dans l’Est du Canada et aux États-Unis, toutes dirigées par ses anciens stagiaires. William Notman se voit décerner de nombreuses médailles pour ses expositions, tant au pays qu’à l’étranger. Afin de répondre à la demande de photographies de paysages et d’autres vues, il envoie ses photographes partout au Canada pour croquer sur le vif la construction du Canadien Pacifique, la naissance des villes de l’Ouest, la vie des Autochtones des plaines et du littoral, le commerce du bois de construction dans la vallée de l’Outaouais, la pêche sur la côte Est, les activités rurales et l’effervescence des villes.

William Notman devient également célèbre pour ses photographies composites de clubs de raquetteurs et de joueurs de curling réalisées dans son studio. Ces grandes mosaïques sont créées à partir d’environ 300 photos individuelles, qui sont d’abord découpées et ensuite collées sur un fond peint.

Style artistique et héritage

Lorsqu’il ouvre son studio, William Notman n’a pas recours au populaire procédé du daguerréotype, mis au point par l’inventeur français Louis Daguerre en 1839, dans lequel on expose une plaque de cuivre argenté poli à des vapeurs afin d’en augmenter la photosensibilité. Le photographe privilégie plutôt le procédé au collodion humide, découvert par l’inventeur britannique Frederick Scott Archer au début des années 1850. Ce procédé requiert l’application d’une couche de produits chimiques sur une plaque de verre, que l’on trempe ensuite dans une solution de nitrate d’argent; la plaque encore humide est enfin insérée dans l’appareil. Le daguerréotype crée des images d’une grande précision, mais ne permet d’obtenir qu’un seul positif. Le procédé au collodion, quant à lui, présente une certaine fragilité, surtout en raison du fait que les plaques humides insérées dans l’appareil peuvent attirer des poussières nuisant à la qualité de l’image; par contre, il permet de créer un nombre indéfini d’épreuves d’une grande richesse visuelle dont se délectent les amateurs du style victorien.

Les portraits, paysages, scènes urbaines et photographies composites de William Notman présentent un niveau de détail et une sensualité rarement observés chez les photographes de l’époque. Le portrait intitulé John A. Macdonald, Politician, Montreal (1863) montre celui qui deviendra plus tard premier ministre du Canada – le premier à détenir ce titre – assis bien droit dans un fauteuil, tenant une canne et jetant au photographe un regard oblique à la fois espiègle et songeur. Dans Chaudière Falls, Ottawa (1870), on observe les chutes d’un point de vue légèrement surélevé au-dessus d’un affleurement rocheux; de la brume s’élève des eaux agitées. Les photographies composites de William Notman permettent quant à elles à l’artiste de recréer des scènes de la vie quotidienne du Canada du XIXe siècle. Par exemple, dans The Bounce, Montreal Snowshoe Club (1886), on voit un joyeux groupe d’hommes s’affairant, dans une clairière enneigée, à lancer l’un d’entre eux dans les airs.

William Notman, l’esprit communautaire très développé, s’engage dans des associations d’art, des groupes confessionnels, des clubs sportifs et d’autres organisations de Montréal. Il soutient également financièrement l’hôtel Windsor et il est coassocié dans de grandes entreprises situées à Longueuil, où il possède une résidence secondaire. Parmi ses sept enfants, les trois garçons deviennent photographes. À sa mort, William McFarlane Notman, son fils aîné, prend la relève. La collection Notman, qui comprend plus de 400 000 photographies, des documents administratifs et de la correspondance familiale, fait partie des collections des Archives photographiques Notman conservées au Musée McCord de l’Université McGill.

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