Glace de mer | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Glace de mer

La glace de mer est de la glace faite d'eau de mer gelée qui flotte à la surface des océans polaires. L'étendue de son manteau varie avec les saisons : dans l'hémisphère Nord, il varie d'un minimum d'environ 9 000 000 km2 en septembre à un maximum d'environ 16 000 000 km2 en mars; dans l'hémisphère Sud, la couverture varie de 3 000 000 km2 (février) à 19 000 000 km2 (septembre). Son épaisseur va de quelques centimètres pour la glace nouvelle dans les zones protégées à au moins 20 m sur les crêtes; les épaisseurs types sont d'environ 3 m dans l'Arctique et d'environ 1 m dans l'Antarctique.
Polynya
Polynya (open water) in Arctic waters (courtesy Parks Canada).

Glace à la dérive

Loin de la terre ferme, la glace de mer se déplace presque sans arrêt, étant entraînée par le vent et les courants marins. On appelle souvent cette glace mobile de la « glace à la dérive ». Sans cesse en mouvement, elle déforme le manteau de glace et crée des « passages » d'eau libre (de longues fissures d'une largeur allant de quelques mètres à au moins un kilomètre) là où la glace se brise et forme d'épaisses crêtes là où elle est comprimée sur elle-même. Les crêtes sont des accumulations sinueuses de glace brisée; la partie supérieure, appelée « voile », peut avoir jusqu'à 5 m de haut, tandis que la partie submergée, appelée « quille », peut être profonde de quatre à cinq fois la hauteur de la voile. La dérive constante de la glace loin d'une côte crée une eau libre appelée polynie. Les passages et les polynies sont des voies d'accès dans le manteau de glace et sont une composante importante de l'habitat des mammifères marins tels que les baleines et les phoques.

Glace ferme

Dans les eaux côtières proches du rivage, la glace ne peut guère bouger, car elle est ancrée à la côte et les crêtes touchent le fond dans les eaux peu profondes. C'est principalement cette glace presque immobile, appelée « glace ferme », qu'on retrouve dans la majeure partie de l'archipel Arctique canadien. Elle est plus uniforme que la glace à la dérive, car elle ne se déforme relativement pas. Son épaisseur peut atteindre 2,5 m au large des îles à l'extrême nord du Canada.

En gelant, l'eau de mer rejette la majeure partie du sel dissout; par conséquent, la glace de mer est beaucoup plus douce que l'eau de mer. Le sel extrait est retenu dans de petites poches salines. Celles-ci rendent la glace de mer opaque et plus fragile que la glace d'eau douce. La glace de mer de l'Arctique central est épaisse et ne fond pas complètement durant l'été. L'eau de la neige fondue sur la surface emporte une grande partie du sel restant et rend la glace plus douce et plus solide. Comme la structure et l'apparence de la glace de mer changent avec le temps, on la classe souvent selon son âge. Durant son premier hiver, elle est appelée glace de l'année; après un été, elle est appelée glace de deuxième année; après au moins deux étés, elle est appelée glace pluriannuelle.

Facteurs environnementaux

La glace de mer est un facteur environnemental important dans le transport maritime, l'exploration pétrolière et gazière, et les industries de développement. Les crêtes épaisses et la glace multiannée sont dangereuses pour la navigation. La nécessité de concevoir les bateaux pour qu'ils résistent aux chocs de la glace à la dérive augmente fortement leur prix. La Garde côtière canadienne gère une flotte de brise-glace et le Service de l'environnement atmosphérique d'Environment Canada fournit des renseignements et des prévisions au sujet de la glace.

La glace de mer joue aussi un rôle important dans le système climatique (voir Climat). En hiver, elle isole l'océan de l'atmosphère froide; en été, elle augmente l'albédo (le pouvoir réfléchissant) au-delà de celui des eaux libres de l'océan. Donc, une augmentation de la quantité de glace diminue la quantité de rayonnement solaire absorbé et la température de surface, et augmente la formation de glace. L'inverse est vrai et entraîne une diminution du manteau de glace. La réaction, appelée rétroaction glace-albédo, est positive puisqu'elle renforce la perturbation initiale. De plus, la dérive de la glace hors de l'océan Arctique, une source d'eau douce pour l'Atlantique Nord, affecte la circulation océanique. (Voir aussi Océanographie arctique; Changement climatique; Climatologie; Iceberg.)


Liens externes