Persephone Theatre | l'Encyclopédie Canadienne

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Persephone Theatre

Nommé en l'honneur de « Perséphone », fille de Cérès et déesse des semences et du changement de saisons dans la mythologie grecque, le Persephone Theatre est fondé en 1974 par Brian Richmond, Susan et Janet Wright. Son premier mandat consiste à présenter au public de Saskatoon des pièces de théâtre professionnel tirées du répertoire canadien et international. En 1978, le Persephone Theatre a pour mandat officiel de servir de théâtre communautaire régional pour Saskatoon et les environs.

Sous la direction de Richmond et des sœurs Wright (1974-1976), de Howard Dallin (1976-1978), de Ron McDonald (1978), de Tom Kerr (conseiller à la direction artistique 1979-1980) et d'Eric Schneider (1980-1982), le Persephone suit le modèle propre au théâtre régional en présentant au public un bouquet de vieux classiques européens et de pièces britanniques ou américaines contemporaines produits localement par des troupes professionnelles. En même temps, il fait découvrir des talents canadiens, y compris de la Saskatchewan. De 1974 à 1982, un peu plus du tiers de ses productions sont puisées dans le répertoire canadien, dont trois œuvres locales présentées en première. Cruel Tears (écrite par Ken Mitchell, musique de Humphrey and the Dumptrucks, 1975) est la plus remarquable des trois. Remontée en 1976, cette comédie musicale écrite sur une musique country est diffusée à la radio nationale, fait des tournées en Alberta et en Saskatchewan, et représente la province dans le cadre d'événements internationaux à Vancouver et à Montréal.

Des œuvres canadiennes (dont des œuvres commandées sur place) sont aussi présentées dans le cadre du programme jeunesse du théâtre. Uptown Circles, une Création Collective conçue en 1983 par la Native Survival School de Saskatoon sous la direction de Ruth Smillie (première directrice artistique du Persephone's Youth Theatre, 1981-1984) et de Maria Campbell (première dramaturge attitrée du Persephone, 1983-1984), avec Tantoo Cardinal comme interprète, est l'un des clous de la programmation. Lancé en 1979-1980, le programme destiné aux écoles atteint son apogée en 1987-1988 et permet de présenter des pièces à 60 000 enfants dans 105 localités, dont quelques-unes au Manitoba et en Alberta.

Au cours de ses dix premières années d'existence, le Persephone doit surmonter de nombreuses difficultés. Le théâtre doit lutter pour concilier des programmes communautaires, nationaux et internationaux ambitieux, parfois en conflit les uns avec les autres, alors qu'il dispose de ressources financières et matérielles limitées et d'un public restreint. Ces difficultés sont à l'origine de changements fréquents de directeurs artistiques. Après 1977, un problème récurrent lié au manque d'espace pour présenter les pièces s'aggrave quand la Mendel Art Gallery et les théâtres de l'Université Greystone deviennent beaucoup moins disponibles en raison des programmations de plus en plus nombreuses. En 1976, le Persephone doit abandonner son projet de transformer en théâtre un vieil édifice, car les nouveaux locaux ne répondent pas aux normes de sécurité en cas d'incendie. Il en est de même pour l'église mal équipée et exiguë que le Persephone occupe en 1977 et qu'il partage avec le 25th Street Theatre de 1979 à 1983.

Au cours des années 1980, le Persephone règle peu à peu ses problèmes et prend de l'expansion. En 1981, grâce aux mesures d'urgence et à l'appui de l'université et de la collectivité, la compagnie a comblé son déficit. Tibor Feheregyhazi, diplômé du Hungarian Theatre and Film College, à Budapest, et de l'École nationale de théâtre de Montréal, prend la direction artistique du théâtre en 1982, assurant dès lors la stabilité à long terme de ce poste. En 1983, le Persephone transforme la Westgate Alliance Church en un théâtre permanent de 300 places, permettant ainsi à la compagnie d'améliorer la qualité de ses productions, d'augmenter le nombre de ses abonnés et d'étendre sa programmation interne. Le théâtre élargit aussi son répertoire pour y inclure des spectacles familiaux et des comédies musicales, et crée une deuxième scène pour les œuvres contemporaines plus expérimentales.

Au cours des années 1990, la dégradation de l'économie et la diminution du nombre d'habitants contraignent le théâtre à réduire sa tournée du Youth Theatre, qu'il n'offre plus qu'une année sur deux, en alternance avec le Globe Theatre (Regina). Le Persephone doit aussi abandonner les pièces destinées à la deuxième scène, inscrire à son calendrier davantage de tournées et de coproductions, et produire davantage de comédies, de revues, de comédies musicales et de spectacles qui exigent moins de comédiens. Toutefois, cette période a aussi des aspects positifs. Les cours de théâtre d'été à l'intention des enfants et des adolescents mis en place en 1988 se donnent maintenant à l'année, l'hypothèque pour l'achat du théâtre est réglée en 1997 et le nombre d'abonnés s'est stabilisé depuis la fin des années 1980.

Bien que le Persephone présente une programmation éclectique typique des théâtres régionaux, il ne possède pas les ressources matérielles ou financières nécessaires pour acquérir des installations comparables à celles du Manitoba Theatre Centre, du Citadel Theatre (Edmonton), du complexe du Theatre Calgary/Alberta Theatre Projects, ou du Globe Theatre (Regina). L'économie de la Saskatchewan, l'isolement géographique de la ville et sa faible population (à peine plus de 235 800 en 2005) ont probablement limité la croissance du Persephone à la taille d'un théâtre régional important. Il doit sa réussite artistique à sa capacité d'adapter le modèle théâtral régional aux besoins culturels, artistiques et éducatifs propres à sa communauté. À l'instar du 25th Street Theatre, il contribue, dans les années 1970, à faire connaître le théâtre professionnel du nord de la Saskatchewan et à aider à former des acteurs et des metteurs en scène locaux, dont certains sont maintenant d'envergure nationale.

Les œuvres canadiennes occupent toujours une place importante dans la programmation du Persephone. De l'automne 1982 au printemps 1998, 46 des 94 principales productions du théâtre sont des pièces canadiennes - et dix d'entre elles sont des premières. Cependant, les œuvres les plus intéressantes mises en scène par le Persephone, au cours des dix dernières années, ont été écrites par des auteurs, contemporains ou non, de la Saskatchewan. En plus de présenter en première des pièces de Drew Hayden Taylor, Barbara Sapergia, Geoffrey Ursell (Saskatoon Pie, 1982), Guy Vanderhaeghe (I Had a Job I Liked Once, 1991; Dancock's Dance, 1995), lauréat d'un prix du Gouverneur Général, Daniel MacDonald (MacGregor's Hard Ice Cream and Gas, 2005) et Don Kerr (Tune Town, 2006), le Persephone offre aussi des adaptations anglaises ou des traductions d'œuvres étrangères.

En 1988, le théâtre produit la première nord-américaine de Warsaw Melody, une pièce du dramaturge soviétique bien connu Leonid Zorin, dans une traduction et une adaptation de Maria Boschnak et de Stewart Boston. Zorin devient le premier dramaturge soviétique contemporain à visiter un théâtre canadien. Une autre pièce soviétique, Joseph and Nadezhda (Olga Kuchinka) est présentée en première mondiale en 1990. D'autres productions, y compris la première mondiale anglaise de Les âmes du purgatoire, de Prosper Mérimée (1994), présentent d'anciens classiques français dans de nouvelles traductions de David Edney. En 1997, le théâtre présente aussi la première traduction anglaise de deux pièces catalanes : The Vindication of Senyora Clito Mestres, par Montserrat Roig, et Antaviana, par Pere Calders, traduites par Anne Szumigalski (Prix littéraire du Gouverneur général pour une œuvre poétique en 1995) et Elisabet Ràfols Sagués. Toutes les pièces mentionnées, à l'exception du texte de Kuchinka, ont été traduites par des écrivains du nord de la Saskatchewan.

Le Persephone continue à se démarquer par sa réussite à concilier programmes communautaires, nationaux et internationaux avec des ressources économiques et matérielles limitées et une population peu nombreuse. Il est entré dans une nouvelle ère au cours de la saison 2007-2008, au moment du parachèvement du nouveau complexe du théâtre construit sur les berges de la rivière Sasktachewan. L'édifice abrite le Persephone dans une salle comptant 450 sièges tout en aidant les autres troupes artistiques dans un espace de théâtre noir polyvalent.