Inuits | l'Encyclopédie Canadienne

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Inuits

Les Inuits (« le peuple » en inuktitut) sont un peuple autochtone dont la majorité habite dans les régions nordiques du Canada. On utilise le mot « Inuk » lorsqu’on parle d’une seule personne du peuple inuit. La patrie inuite est appelée Inuit Nunangat et fait référence à la terre, à l’eau et à la glace des régions de l’Arctique.

Terminologie

Le mot inuit (qui veut dire peuple en inuktitut) désigne un peuple autochtone qui habite majoritairement dans les régions nordiques du Canada. Une personne inuite est appelée Inuk. (Voir aussi Peuples autochtones de l’Arctique au Canada.)

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Territoire et démographie

Le territoire Inuit est connu sous le nom de l’Inuit Nunangat, qui fait référence à la terre, à l’eau et à la glace des régions de l’Arctique. Le terme Inuit Nunangat pourrait peut-être être également utilisé pour désigner les terres occupées par les Inuits en Alaska et au Groenland. En 2021, selon Statistique Canada, la population inuite est passée à 70 545, une augmentation de 8,5 % depuis 2016.

En 2021, environ 69 % de la totalité des Inuits du Canada vivent à Inuit Nunangat, 44 % vivant au Nunavut , suivi par le Nunavik (dans le nord du Québec ), par l’Arctique de l’Ouest (les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon ) connu sous le nom d’Inuvialuit, et par le Nunatsiavut (situé le long de la côte nord du Labrador).

Langues et groupes ethniques

Il existe huit principaux groupes ethniques inuits : les Inuits du Labrador, d’Ungava, de l’île de Baffin, d’Iglulik, du Caribou, de  Netsilik, du Cuivre et de l’Arctique de l’Ouest (qui remplacent les Inuits du Mackenzie).

L’inuktitut, la langue inuite, comprend cinq dialectes principaux au Canada : l’inuvialuktun (provenant de la région d’Inuvialuit, dans les Territoires du Nord-Ouest), l’inuinnaqtun (dans l’ouest du Nunavut), l’inuktitut (de l’est du Nunavut), l’inuktitut (du Nunavik) et le nunatsiavumiuttut (de Nunatsiavut) (voir aussi Langues autochtones au Canada).

En 2016, 41 650 Inuits ont déclaré avoir une connaissance conversationnelle d’une langue ou d’un dialecte inuit. Dans l’ensemble de l’Inuit Nunangat, 83,9 % des Inuits ont déclaré avoir une capacité de conversation dans une langue inuite. L’utilisation de l’inuktitut est plus accrue au Nunavik, où la capacité de converser dans cette langue est de 99,2 %. Au Nunavut, 89,1 % ont déclaré pouvoir converser dans une langue inuite. En revanche, les chiffres représentant la capacité de parler une langue inuite (principalement l’inuvialuktun et l’inuinnaqtun) sont de 21.4%à Nunatsiavut et de 22 % dans la région d’Inuvialuit.

Le déclin de l’inuktitut incite l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), une organisation qui est porte-parole nationale des Inuits à Inuit Nunangat et fondée en 1971, à établir un programme d’inuktitut dans les écoles. Dès 1960, le gouvernement fédéral et les gouvernements territoriaux travaillent à la mise sur pied de programmes de langue inuktitut, même si pour certains, la justification repose en partie sur l’hypothèse que l’instauration de telles traditions éducatives facilitera la transition vers l’anglais ou le français.

Culture et vie

Traditionnellement, les Inuits sont des chasseurs et des cueilleurs qui se déplacent de façon saisonnière d’un camp à l’autre. De larges regroupements régionaux se séparent en plus petits groupes saisonniers, les camps d’hiver (appelés bandes) sont d’environ 100 personnes, alors que les groupes de chasse d’été sont de moins d’une douzaine de personnes. Chaque bande s’identifie à un lieu et se nomme en conséquence; les Arvirtuurmiut de la péninsule Boothia sont appelés les « mangeurs de baleines à fanons » ( voir aussi Igloo et Inuksuk).

Dans les communautés nordiques contemporaines, beaucoup d’aliments, comme les fruits, les légumes et les produits laitiers, doivent être transportés sur de longues distances, ce qui entraîne des coûts plus élevés, une disponibilité limitée et des aliments qui ne sont pas frais. Cependant, la disponibilité de la nourriture traditionnelle grâce à la récolte et au partage explique le pourcentage élevé d’Inuits qui consomment des aliments traditionnels. Un rapport publié en 2005 établit que la majorité (68 %) des Inuits adultes vivant à Inuit Nunangat participent à la récolte et à la chasse d’aliments traditionnels comme le phoque, la baleine, le canard, le caribou, le poisson et les baies. Cette nourriture traditionnelle demeure une source alimentaire importante pour beaucoup d’Inuits, 65 % des ménages en tirant au moins la moitié de leurs viandes et poissons d’aliments traditionnels, et environ 80 % des familles affirmant partager leur nourriture traditionnelle avec d’autres ménages (voir aussi Insécurité alimentaire au Canada).

Les Inuits ont une culture riche et diversifiée. L’art inuit, de la sculpture à la gravure et plus encore, démontre une créativité artistique et un savoir-faire hautement qualifiés. Certains des artistes inuits bien connus incluent Kenojuak Ashevak, Shuvinai Ashoona et Annie Pootoogook. Les jeux vocaux inuits, aussi appelés chants de gorge, sont une autre activité culturelle populaire. Ces chants sont habituellement effectués par deux femmes qui produisent une vaste gamme de sons provenant du fond de la gorge et de la poitrine. De nombreux Inuits participent également à des jeux et des sports compétitifs traditionnels comme le coup de pied en hauteur (variés de un ou deux pieds) et le saut à genoux. Ces jeux sont présentés lors des Jeux d’hiver de l’Arctique, qui ont lieu tous les deux ans.

Histoire

Au cours d’environ 4000 ans d’histoire humaine en Arctique, l’apparition de nouveaux peuples apporte des changements culturels continuels. Les ancêtres des Inuits d’aujourd’hui, culturellement reliés aux Inupiat (au nord de l’Alaska), aux Katladlit (Groenland) et aux Yiut (de la Sibérie et de l’ouest de l’Alaska), arrivent aux alentours de l’an 1050 avant notre ère.

Dès le 11e siècle, les Vikings ont une influence indéterminée sur les Inuits. L’arrivée subséquente d’explorateurs, de baleiniers, de commerçants, de missionnaires, de scientifiques et autres, amorce des changements culturels irréversibles. Les Inuits eux-mêmes participent activement à ces développements en devenant guides, commerçants et en servant d’exemple de survie aux étrangers. (Voir aussi Eenoolooapik et Tookoolito.)


Les effets de la colonisation ont un impact grave sur la vie et la culture inuites. Bien que largement ignorés par le gouvernement fédéral jusqu’en 1939, quand un jugement de la cour stipule qu’ils sont une responsabilité fédérale (bien qu’ils ne sont toujours pas assujettis à la Loi sur les Indiens), les Inuits demeurent soumis à des politiques qui imposent l’assimilation à un mode de vie « canadien ». De nombreux enfants inuits doivent fréquenter les pensionnats indiens au Canada (voir aussi Les expériences des Inuits dans les pensionnats indiens). Les peuples autrefois nomades sont transformés, parfois par relocalisation forcée (voir aussi Délocalisation d’Inuits dans l’Extrême-Arctique au Canada), en communautés sédentaires, et l’on introduit les numéros de disque qui remplacent le système de nom inuit, celui-ci ne répondant pas aux besoins administratifs. Ces numéros de disque, appelés ainsi parce qu’ils sont distribués sur de petits disques en cuir ou en fibres pressées devant être portés sur soi, imposent un nom reconnu par le gouvernement à un Inuk qui normalement aurait plusieurs noms différents au cours de sa vie selon son contexte. Ce système repose sur des numéros de série qui diffèrent géographiquement. Par exemple, le réalisateur Zacharias Kunus a le numéro de disque E51613. L’imposition de numéros de disque demeure un événement culturel traumatisant, et a été fortement critiquée comme encourageant les inégalités structurelles. (Voir aussi Projet Noms de famille.)

Malgré les ajustements faits par les Inuits depuis les trois derniers siècles, et la perte de certaines caractéristiques traditionnelles, la culture inuite persiste, souvent avec une conscientisation réfléchie plus grande. Les Inuits maintiennent leur identité culturelle grâce à leur langue, à leurs lois familiales et culturelles, à leurs mœurs et au très réputé art inuit .


Vers l’autonomie gouvernementale

Vers la fin des années 1960 et le début des années 1970, les Inuits commencent à s’organiser politiquement en réponse aux politiques d’assimilation et aux restrictions gouvernementales sur leurs terres traditionnelles. Afin d’exercer efficacement de la pression sur les questions de revendications territoriales, de droits autochtones et d’ autonomie gouvernementale, un groupe d’Inuits forme l’Inuit Tapiriit Kanatami (autrefois Inuit Tapirisat du Canada) en 1971. L’organisation soutient et défend les intérêts de tout Inuk vivant dans les 53 communautés de l’Inuit Nunangat. Ces intérêts représentent un éventail d’enjeux et de défis interreliés de nature sociale, culturelle, politique et environnementale.

Proposé pour la première fois par l’Inuit Tapiriit Kanatami en 1976, et soutenu par un plébiscite en 1982, le territoire du Nunavut est accepté en principe dans une revendication territoriale en 1990, et officialisé avec La Loi sur le Nunavut en 1993. Une base solide de dirigeants politiquement expérimentés permet une transition relativement douce vers le statut de territoire officiel en 1999. Trois autres ententes sur la revendication territoriale soutiennent les demandes de l’Inuit Nunangat pour une certaine autonomie gouvernementale. La société Makivik, à travers la Convention de la Baie-James et du Nord québécois , entreprend des démarches d’autonomie gouvernementale pour Nunavik, et la Inuvialuit Regional Corporation fait de même pour Inuvialuit. Le Nunatsiavut se gouverne de façon autonome depuis le 1er décembre 2005, après la mise en œuvre de l’Accord sur les revendications territoriales des Inuits du Labrador et de la constitution des Inuits du Labrador.

Le saviez-vous?
Le 27 janvier 2020, l’aînée inuite Qapik Attagutsiak a été reconnue par Parcs Canada en tant qu’héroïne de sa ville natale pour ses importantes contributions à l’effort canadien lors de la Deuxième Guerre mondiale. Elle faisait partie d’un effort national visant à recycler des ossements, de la graisse, du métal et du caoutchouc pour la production en temps de guerre. Elle habitait alors sur une île près d’Iglooik à l’ouest de l’île de Baffin (Nunavut), et elle recueillait des ossements de morses et de phoques qui étaient par la suite transformés en colle pour les avions, en engrais et en cordite (un type d’explosif utilisé dans les munitions). À l’âge de 99 ans, Qapik Attagutsiak a été honorée au Musée canadien de l’histoire de Gatineau à Québec, par Nellie Kusugak, Commissaire du Nunavut, et Jonathan Wilkinson, ministre de l’Environnement et du Changement climatique.


Défis contemporains

Malgré des gains en autonomie gouvernementale et dans d’autres domaines tels que les affaires, l’éducation, le transport, la médecine et la radiodiffusion (voir aussi Inuit Broadcasting Corporation [IBC]), de nombreuses communautés inuites du Nord font face à des défis de taille, comme le problème de surpopulation le plus important au Canada. Depuis leur relocalisation dans des réserves permanentes, durant les années 1950 et 1960, les Inuits n’ont pas de logements convenables, et ils éprouvent des problèmes de santé connexes (voir aussi Santé des Autochtones au Canada). En 2016, 51,7 % des Inuits de l’Inuit Nunangat ont déclaré vivre dans des conditions de surpeuplement, comparativement à 8,5 % des personnes non autochtones au Canada. Ces conditions de vie et le manque d’accès à des soins de santé contribuent partiellement à une augmentation des problèmes de santé chroniques chez les Inuits, comme l’obésité, le diabète et les infections respiratoires. (Voir aussi Condition sociale des Autochtones au Canada.) Le taux de suicide chez les jeunes Inuits est nettement plus élevé que dans le reste du Canada, ce qui fait de sa prévention un enjeu prioritaire pour assurer la croissance continue de cette culture. (Voir aussi Suicide chez les Autochtones au Canada.)

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