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CODCO

Après ses débuts en Ontario, CODCO retourne à Terre-Neuve où elle passe une saison à St. John's avant de faire une tournée dans la province.

CODCO

En 1973, la troupe CODCO monte, à Toronto, la première version de Cod On A Stick, Another Fun Food Show, grâce à une mise de fonds initiale de 300 dollars provenant de Paul THOMPSON et du THEATRE PASSE MURAILLE. Cet étonnant début torontois, pour une troupe appelée à devenir typiquement terre-neuvienne, laisse prévoir l'orientation que prendra son oeuvre et quel sera son mandat. Cod On A Stick consiste en une série de sketches humoristiques traitant de la vie contemporaine à Terre-Neuve. Il apparaît tout de suite que, si CODCO raille avec brio la culture terre-neuvienne, elle tourne aussi en dérision la facture tantôt sérieuse et souvent naïve de la CRÉATION COLLECTIVE torontoise, que ses commanditaires ontariens affectionnent particulièrement. Pour CODCO, rien n'est sacré. Plus le sujet est tabou, plus l'attaque est prompte et virulente.

Après ses débuts en Ontario, CODCO retourne à Terre-Neuve où elle passe une saison à St. John's avant de faire une tournée dans la province. Dès la création de Sickness, Death and Beyond the Grave, en 1974, l'équipe de CODCO se compose d'Andy Jones, de Cathy Jones, de Bob Joy, de Greg Malone, de Diane Olsen, de Tommy Sexton et de Mary Walsh. Sa composition restera la même jusqu'en 1976. (Paul Smatez ne participe qu'à la première création de Cod on a Stick, à Toronto).

CODCO, dont les membres sont tous des Terre-Neuviens qui ont quitté à un moment ou à un autre leur province afin de poursuivre une carrière artistique individuelle ailleurs, trouve son inspiration dans son expérience terre-neuvienne. Toutefois, si l'on en juge d'après ses nombreuses tournées nationales et internationales, le mélange unique de satire brutale et d'humour fantaisiste présenté par CODCO s'adresse à un public universel. Sa technique théâtrale, assez fidèle à la formule du sketch, change et évolue au fil des productions et des tournées. Cette évolution peut être rattachée à un processus collectif. Au début, le groupe, ou parfois une ou deux personnes, crée les textes qui sont présentés ensuite à la troupe, laquelle les retravaille et rédige la version définitive. Les tournées canadiennes et américaines, souvent constituées de spectacles mixtes comportant des textes anciens et des textes nouveaux, fournissent l'occasion de peaufiner les textes connus tout en explorant de nouveaux scénarios.

Le travail de CODCO avec des musiciens comme Figgy Duff et sa participation à divers projets télévisés viennent compléter cette forme de travail en atelier. La musique, toujours présente dans ses créations, occupe une place encore plus importante dans Das Capital : Or What Do You Want To See The Harbour For Anyway? (1975) et ses créations ultérieures. Des séquences filmées, intégrées à la représentation, deviennent aussi un élément important de ses oeuvres, comme en témoigne la pièce Would You Like To Smell My...Pocket Crumbs, montée la même année.

La réputation de CODCO et ses succès ultérieurs tiennent à deux phénomènes étroitement liés. Le contenu de ses oeuvres, souvent irrévérencieux et toujours mordant, traite toujours de questions sociales. Qu'il s'agisse de la cécité, de la violence faite aux enfants ou de la grossesse chez les adolescentes, la troupe s'empare des stéréotypes pour en faire une caricature d'une précision saisissante. La force de ses sketches alliés au talent comique remarquable, voire déchirant, de ses comédiens sont incomparables. Les personnages d' « Andy », de « Cathy » et de « Tommy », pour ne citer qu'eux, deviennent de plus en plus raffinés et complexes au fur et à mesure que les techniques dramatiques évoluent et gagnent en profondeur. Les textes et les interprètes de CODCO sont donc indissociables.

À la suite de la présentation de The Tale Ends, en 1976, les membres de CODCO poursuivent des carrières individuelles jusqu'en 1985, année où, à l'exception de Diane Olsen et de Bob Joy, ils se réunissent pour présenter un spectacle-bénéfice. Après une tournée nationale, Salter Street Films engage la troupe pour une série d'émissions télévisées, une collaboration qui durera jusqu'en 1992. Durant cette période, CODCO reste fidèle à ses anciennes pratiques théâtrales. Tout en tenant compte de son nouveau contexte de travail, la troupe crée des oeuvres sur le modèle du sketch humoristique. De temps à autre, réapparaissent des sketches ayant servi au théâtre, mais les membres de la troupe présentent de plus en plus de nouvelles créations afin de satisfaire aux exigences de la télévision et des téléspectateurs. Malgré cette adaptation, l'essentiel de ce qui a fait le succès de CODCO au théâtre se retrouve dans ses productions télévisées. Une fois de plus, les textes d'une ironie mordante, alliés au talent humoristique des comédiens, donnent de l'actualité un point de vue dont l'irrévérence n'a pas son pareil.

Toutefois, cette création collective finit par ébranler sérieusement les participants. En 1991, Andy Jones abandonne la série télévisée à la suite de différends sur des questions artistiques et, en 1992, les autres membres se dissocient. Depuis la mort prématurée de Tommy Sexton, en 1993, les anciens membres du groupe mènent des carrières individuelles au théâtre, à la télévision et au cinéma. Les manuscrits de CODCO sont conservés au Centre for Newfoundland Studies Archives, à l'U. Memorial.

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