Kivallirmiut (Inuits du Caribou) | l'Encyclopédie Canadienne

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Kivallirmiut (Inuits du Caribou)

Le terme « Inuits du Caribou » est utilisé pour la première fois par les participants européens à la cinquième expédition de Thulé danoise (1921-1924) qui remarquent que les Kivallirmiut dépendent du caribou pour leur nourriture, leurs vêtements et leurs abris. D’après de récentes estimations, les Kivallirmiut seraient aujourd’hui environ trois milles.


\u00c0 la recherche des caribous
Akatooga et Moneapek \u00e0 la recherche des caribous au lac Netsilik, au Nunavut (1924). \r\n

Le terme « Inuits du Caribou » est utilisé pour la première fois par les participants européens à la cinquième expédition de Thulé danoise (1921-1924) qui remarquent que les Kivallirmiut dépendent du caribou pour leur nourriture, leurs vêtements et leurs abris. D’après de récentes estimations, les Kivallirmiut seraient aujourd’hui environ trois milles.

Territoire

Les Kivallirmiut vivent dans la région de Kivalliq, au Nunavut. Cette région est constituée de la portion du continent qui se trouve à l’ouest de la baie d’Hudson. Avant que le Nunavut devienne un territoire, le 1er avril 1999, la région de Kivalliq est connue sous le nom de « région de Keewatin » et fait alors partie des Territoires du Nord-Ouest.

Histoire

On ne connaît pas grand-chose de l’histoire ancienne des Kivallirmiut. Certains anthropologues, tels que Birket-Smith (1929), Rasmussen (1930) et Csonka (1995), soutiennent que les Kivallirmiut descendent d’Inuits qui étaient présents il y a très longtemps en Amérique du Nord et au Groenland. D’autres, tels que Mathiassen (1927), pensent que ce peuple descend des gens de Thulé. Les premières études anthropologiques effectuées dans les années 1920 concluent que les Kivallirmiut descendent d’un peuple ancien qui existait avant que la plupart des groupes inuits n’arrivent sur la côte et deviennent des chasseurs de mammifères marins. Cette conclusion était basée sur l’adaptation particulière des Kivallirmiut à l’intérieur des terres et sur certaines caractéristiques de leur culture autochtone. Taylor (1972) et Burch (1978) soutiennent une troisième théorie selon laquelle les ancêtres des Kivallirmiut sont un sous-groupe des Inuinnait (Inuits du cuivre) qui ont traversé la côte de l’Arctique au XVIIe siècle.

Culture et société

Dans le passé, l’organisation sociale des Kivallirmiut était basée sur le patriarcat et le partenariat. Les unités sociales ainsi formées passaient souvent d’un groupe régional à un autre. Le chant et la narration d’anecdotes personnelles et culturelles sont alors des activités importantes lors des fêtes et autres événements fréquemment organisés au sein des communautés. Elles contribuent à la préservation de la culture (voir Mythes et légendes des Inuits; La déesse de la mer : l’histoire de Sedna).

Il n’existe que peu d’information sur la culture matérielle traditionnelle des Kivallirmiut, car lorsque les anthropologues commencent à s’intéresser à eux, ils utilisent déjà depuis plus d’un siècle la technologie européenne dont ils dépendent. L’histoire orale et les connaissances traditionnelles maintenues par les différents groupes inuits et leurs aïeux ont permis de mieux comprendre le mode de vie qu’ils ont conservé jusqu’à l’arrivée des Européens.

Vie traditionnelle

Parka
La fabrication d'un ensemble complet de vêtements nécessite plusieurs peaux de caribou (avec la permission du Musée canadien des civilisations).

Les activités saisonnières traditionnelles se résument essentiellement à la pêche et à la chasse du caribou durant les migrations de printemps et d’automne. Durant la chasse d’automne, les groupes se réunissent autour d’un petit nombre de bons lieux de chasse pour refaire leurs provisions de nourriture pour l’hiver. Les peaux de caribou sont utilisées pour la confection de vêtements, de récipients et de tentes durant les mois d’été, et de huttes de neige durant l’hiver. Les os de caribou sont quant à eux utilisés pour fabriquer des outils. Les Kivallirmiut ont toujours différé des autres Inuits par leur dépendance à l’égard des ressources trouvées à l’intérieur des terres. Ils ne visitent qu’occasionnellement la côte pour se procurer des produits extraits des mammifères marins, en les chassant ou en les achetant aux Inuits côtiers. Même si les méthodes de chasse traditionnelles ont généralement été remplacées par les motoneiges et les armes à feu modernes, la chasse au caribou et la pêche représentent aujourd’hui encore une part importante de leur économie.

Contact avec les Européens

Des contacts avec des commerçants et des explorateurs non inuits sont enregistrés dès 1612, mais les échanges commerciaux réguliers ne commencent qu’en 1718, avec un navire de commerce de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) en un lieu qui allait voir naître la ville de Churchill, au Manitoba. Au cours des deux siècles qui suivent, la CBH demeure une source importante de contacts pour les Kivallirmiut, mais ces derniers rencontrent également des baleiniers, des missionnaires et des explorateurs. Le commerce avec les Européens permet aux Kivallirmiut d’obtenir des armes à feu avec lesquelles ils peuvent chasser le caribou plus efficacement. Pour suivre les caribous et vendre les fourrures aux Européens, les Kivallirmiut doivent s’enfoncer plus avant dans l’intérieur. Ces mouvements, combinés aux maladies européennes et à la raréfaction croissante des caribous, ont bien failli décimer complètement la population des Kivallirmiut au début du XXe siècle. Certaines estimations suggèrent qu’entre 1915 et approximativement 1924, une grave famine a décimé près des deux tiers de la population. Qu’ils se tournent de plus en plus vers des postes d’employés ou qu’ils se cantonnent au piégeage (souvent pour la fourrure des renards), les Kivallirmiut deviennent progressivement de plus en plus dépendants du commerce avec les Européens.

Réinstallation dans l’Arctique

La pénurie des ressources alimentaires motive le gouvernement fédéral à entamer dans les années 1950 un programme de réinstallation visant à obliger les Kivallirmiut à abandonner leurs petits camps et leurs huttes de neige pour aller vivre dans des maisons construites pour eux dans les villages de Chesterfield Inlet, d’Arviat, d’Eskimo Point (aujourd’hui Arviat), de Rankin Inlet, de Baker Lake et de Whale Cove. De nombreux Inuits pensent que l’objet véritable du programme était de peupler – et donc d’être en mesure de revendiquer comme faisant partie du Canada – certaines régions de l’Arctique. La mise en œuvre de ce programme a séparé de force plusieurs communautés et de nombreux Inuits sont morts au cours de ces réinstallations.

Les Kivallirmiut aujourd’hui

Aujourd’hui, les Kivallirmiut forment cinq groupes indépendants de l’intérieur : les Qairnirmiut, les Harvaqtuurmiut, les Hauniqtuurmiut, les Paallirmiut et les Ahiarmiu. Ces bandes vivent toutes le long de la côte ouest de la baie d’Hudson, dans les villages de Chesterfield Inlet, de Rankin Inlet, de Whale Cove, d’Eskimo Point (aujourd’hui Arviat) et de Baker Lake. Divers dialectes inuktituts sont parlés en société, mais ils dérivent tous de l’Inuit-Inupiaq.

Militantisme écologique

Les Kivallirmiut ont fait part de leurs inquiétudes concernant un projet d’extraction de l’uranium à 80 km à l’ouest de Baker Lake. Les membres de la collectivité craignent les possibles impacts socio-économiques négatifs que la mine pourrait avoir sur la population locale. Les chasseurs s’inquiètent également que la mine pourrait perturber la route migratoire des caribous. Bien que le projet d’extraction de l’uranium reste d’actualité, les Kivallirmiut et les Dénés en Saskatchewan n’ont pas cessé de s’y opposer.

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