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Conseil des Arts du Canada

La création du Conseil en 1957 donne suite à une recommandation majeure de la ​Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences au Canada​, mieux connue sous le nom de Commission Massey, en l'honneur de son président, Vincent Massey.
Conseil des Arts du Canada
Première rencontre des administrateurs du Conseil des Arts du Canada, le 30 avril 1957 (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/PA-144595).

Le Conseil des Arts du Canada, établi à Ottawa, est le principal outil de soutien du domaine artistique du gouvernement fédéral. Le Parlement du Canada lui a confié le mandat de stimuler et promouvoir l'étude des arts et un intérêt envers ce domaine ainsi que la production d'œuvres d'art. Le Conseil accomplit son mandat surtout en accordant des subventions et en offrant des services aux artistes canadiens professionnels et aux organismes artistiques des secteurs de la danse, des arts interdisciplinaires, des arts médiatiques, de la musique, de l'opéra, du théâtre, de l'écriture, de l'édition et des arts visuels.

Historique

La création du Conseil en 1957 donne suite à une recommandation majeure de la Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences au Canada, mieux connue sous le nom de Commission Massey, en l'honneur de son président, Vincent Massey.

Le rapport Massey (1951) - l'étude la plus complète jamais réalisée sur la vie culturelle au Canada - dresse un sombre portrait de la culture canadienne. Le théâtre professionnel était moribond, la musique était essentiellement confinée aux sous-sols d'églises et aux gymnases d'écoles, les entreprises artistiques professionnelles étaient peu nombreuses et quasi inexistantes en dehors des grandes villes. En une année entière, le Canada anglais n'avait produit que 14 œuvres de fiction.

Malgré l'abondance de talents et le désir ardent des Canadiens de concevoir leurs propres produits créatifs et intellectuels, « À moins d'être l'auteur d'œuvres techniques, l'écrivain canadien qu'il soit romancier, poète ou conteur, historien ou biographe ne peut vivre de sa plume même très modestement. De même, le compositeur et l'auteur dramatique et la majorité des comédiens et des directeurs de productions, doivent, si l'on exclut les débouchés qu'offre la radio canadienne, se résigner à chercher en dehors de leur art, un revenu essentiel. Sauf s'ils s'adonnent à l'enseignement ou à l'art publicitaire peu de peintres ou de sculpteurs parviennent à gagner leur vie par la vente de leurs oeuvres au Canada. » Les « Canadiens doués » doivent se contenter d'un niveau de vie précaire et ingrat au Canada, ou partir à l'étranger où leurs talents sont recherchés.

Pour développer la vie culturelle et intellectuelle autochtone du Canada, le rapport Massey recommande que le gouvernement fédéral crée un Conseil canadien pour la promotion des arts, des lettres, des sciences humaines et des sciences sociales. Grâce aux droits sur les biens de deux magnats industriels décédés, sir James Dunn et Izaak Walton Killam, le Conseil est mis sur pied et commence ses activités en 1957. En 1978, le gouvernement forme le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, laissant le Conseil des Arts du Canada uniquement responsable des arts.

Organisation

La Commission Massey a mené ses activités dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale, tout à fait consciente que les régimes totalitaires pouvaient contrôler et manipuler l'activité culturelle à des fins de propagande. Étant donné les dangers inhérents à tout système de subvention du gouvernement central aux arts et aux lettres et à la culture du pays en général, la commission propose que le nouveau Conseil soit largement indépendant du gouvernement. En présentant le Conseil des Arts du Canada au Parlement, le premier ministre de l'époque Louis Saint-Laurent a dit : « Notre objectif principal en recommandant l'établissement du Conseil des Arts du Canada est de fournir une certaine forme d'aide aux universités, aux arts, aux sciences humaines et aux sciences sociales, ainsi qu'aux étudiants de ces secteurs, sans tenter de contrôler leurs activités ou de restreindre leur liberté de quelque façon que ce soit. Selon moi, le gouvernement devrait soutenir le développement culturel du pays sans essayer de le contrôler. » Par conséquent, le Conseil est, conformément aux paroles de Louis Saint-Laurent, aussi libre du contrôle de l'État que peut l'être une entité chargée des fonds publics. Autonome vis-à-vis du gouvernement, le Conseil est une entité indépendante responsable devant le Parlement par l'intermédiaire du ministre du Patrimoine canadien, qui a le mandat d'établir des priorités, des politiques et des programmes de financement et de prendre des décisions concernant les subventions.

Le Conseil des arts relève d'un conseil d'administration composé de 11 membres nommés par décret, comme c'est le cas notamment pour son directeur général. Le président et le vice-président sont nommés pour des mandats d'au plus 5 ans, tandis que les autres membres ont des mandats de 3 ans avec possibilité d'un seul renouvellement. Le personnel du Conseil des arts est en grande partie constitué de professionnels de la communauté artistique. D'ailleurs, le Conseil des arts mise beaucoup sur l'avis des artistes et autres professionnels du domaine artistique pour élaborer les politiques de ses programmes et accorder des subventions.

À sa première année d'activité, le Conseil avait un budget de 1,5 million de dollars pour les arts, les sciences humaines et les sciences sociales, lequel provenait d'une dotation initiale de 50 millions. En 1964, ces fonds étant manifestement insuffisants, le Conseil propose que le gouvernement augmente substantiellement la dotation. Ce dernier décide plutôt de fournir des fonds additionnels pour le fonctionnement et les programmes du Conseil. Les crédits parlementaires annuels sont vite devenus la principale source de revenus du Conseil.

Activités en cours

En 2007-2008, le Conseil accorde des subventions à quelque 1597 organismes artistiques canadiens professionnels, notamment des orchestres, compagnies d'opéra, galeries d'art, éditeurs de livres et de périodiques, organisations en arts médiatiques, troupes de danse et de théâtre et groupes en arts multidisciplinaires. Plus de 2396 artistes individuels - dont 33 % n'avaient jamais reçu d'appui du Conseil - ont reçu des subventions pour créer des œuvres d'art, faire de la recherche ou se perfectionner. Les artistes qui demandent des subventions doivent être des citoyens canadiens ou des résidents permanents du Canada.

Pour évaluer les demandes de subvention, le Conseil met sur pied des comités d'évaluation par les pairs composés d'artistes indépendants et d'autres professionnels du domaine artistique. Ces comités évaluent les mérites comparatifs des demandes dans un concours donné, établissent leur ordre de priorité et recommandent les bénéficiaires au Conseil. En 2007-2008, quelque 771 personnes ont fait partie d'un comité d'évaluation.

Le processus de révision du programme au milieu des années 1990, entrepris par le gouvernement fédéral pour réduire les dépenses et le déficit, a des répercussions sur le Conseil des Arts du Canada, tout comme sur les autres agences ou ministères fédéraux. Durant cette période, le Conseil est restructuré, et son personnel est réduit. Cependant, vers la fin des années 1990, les finances du Conseil subissent un revirement important, et l'organisme entre dans une période que son président d'alors, l'acteur Jean-Louis Roux, décrit comme les débuts d'une nouvelle ère de croissance. En octobre 1997, le ministre du Patrimoine canadien annonce des fonds additionnels de 25 millions de dollars pour 1997-1998 et chacune des quatre années suivantes, une somme qui est par la suite ajoutée aux crédits parlementaires de base accordés au Conseil. Pour sa part, le budget de février 2000 annonce des crédits supplémentaires de 10 millions de dollars.

En mai 2001, avec l'annonce de l'initiative Un avenir en art du gouvernement fédéral, 25 millions de dollars supplémentaires sont octroyés au Conseil en plus de son crédit de base entre 2001-2002 et 2003-2005, ce qui fait passer le crédit parlementaire à environ 150 millions de dollars en 2009-2010. En 2006, le gouvernement fédéral fournit 50 millions de dollars en financement ponctuel (20 millions de dollars en 2006-2007 et 30 millions de dollars en 2007-2008); la totalité de ce montant est des subventions. En 2007, il annonce que 30 millions de dollars de plus seront alloués de façon permanente à la base budgétaire du Conseil, portant ainsi les crédits du Parlement à près de 180 millions de dollars pour 2008-2009.

En juin 2006, Robert Sirman, l'ancien directeur administratif de l'École nationale de ballet du Canada, est nommé directeur du Conseil des Arts. Sept mois plus tard, le Conseil lance les célébrations commémoratives de son 50e anniversaire. Cette année marque également la mise en place par le Conseil d'un nouveau plan stratégique dont les lignes directrices sont guidées par des consultations de grande envergure menées auprès des communautés artistiques, du grand public et des parties prenantes qui ont façonné l'histoire du Conseil. Le plan stratégique, publié en octobre 2007, et le plan d'action publié dans la même foulée en 2008, font un compte rendu des cinq grandes stratégies à mettre en œuvre sur une période de 3 à 5 ans : renforcer son engagement envers les artistes indépendants, et travailler seul ou en partenariat en tant que pierre angulaire à l'avancement de l'art; élargir son champ d'action auprès des organismes pour améliorer la consolidation des cadres artistiques à l'échelle nationale; réaffirmer son rôle de leader de la défense de l'équité dans la quête de réussite artistique du Canada; travailler de concert avec d'autres organismes, y compris d'autres investisseurs, est un élément clé de la réalisation de son mandat; de plus, il doit accroître son soutien artistique et améliorer le rendement de sa structure organisationnelle, de ses effectifs et de ses services.

En plus de fournir des subventions et des services au domaine des arts, le Conseil administre la Banque d'œuvres d'art, laquelle possède la plus imposante collection d'œuvres canadiennes contemporaines du monde et loue des œuvres aux secteurs public et privé. En 2008, le secrétariat de la Commission canadienne pour l'UNESCO et la Commission du droit de prêt public, sous l'égide du Conseil, font des paiements totalisant plus de 9 millions de dollars à 16 000 auteurs canadiens dont les livres sont disponibles dans les bibliothèques canadiennes.

Chaque année, le Conseil décerne des prix, dont certains sont des dotations privées à perpétuité, à près de 100 artistes et boursiers pour leur contribution distinguée aux arts et aux bourses de recherche du Canada. Parmi les exemples dignes de mention, le Programme Killam, qui décerne des prix aux éminents chercheurs canadiens, les Prix Molson, les Prix littéraires du Gouverneur général et les prix du Gouverneur général en arts visuels et médiatiques, inaugurés en 2000.

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